OSSÈTES (LANGUE ET LITTÉRATURE)

OSSÈTES (LANGUE ET LITTÉRATURE)
OSSÈTES (LANGUE ET LITTÉRATURE)

Le nom «ossète» n’est que la francisation de la forme russe osetin , qui n’est elle-même qu’une transposition du géorgien ovs-et-i , «pays des Os». À son tour, l’ethnique géorgien renvoie au nom de peuple s, dont il n’est que la prononciation locale. On désignait jadis, en région de langue slave, ce peuple du nom de Jasij , qui n’est également que la forme russifiée du même ethnique. Les Ossètes s’appellent eux-mêmes Ir , forme dérivant de Arî , et appellent leur pays Iron , forme correspondant à l’ancienne Ariana .

La langue ossète, qui se rattache au groupe iranien de la famille indo-européenne, est la seule survivance des parlers scythes et sarmates, pratiqués durant l’Antiquité dans la Russie méridionale et qui nous sont connus, de manière très imparfaite, par les noms propres conservés dans les inscriptions grecques découvertes principalement au nord de la mer Noire, par des emprunts d’autres langues telles que le mordve ou le hongrois, par des inscriptions trouvées sur le Don (Tichaja Sosna) et auxquelles se sont intéressés en particulier V. Abaev et L. Zgusta.

Le pays des Ossètes

Les territoires ossètes ont été jadis plus étendus qu’ils ne le sont actuellement, à en juger d’après les hydronymes et notamment ceux qui comportent l’élément don , «fleuve» (ainsi Saudon, de l’ossète saudon , «fleuve noir»), d’après d’autres toponymes ou des emprunts de langues caucasiennes. Actuellement, l’Ossétie est divisée politiquement et administrativement en deux parties recouvrant à peu près les divisions dialectales. Au nord-est, la république autonome d’Ossétie du Nord, d’abord érigée en Territoire autonome en 1924, devint une république autonome en 1936, faisant partie de l’actuelle Fédération de Russie, tandis que la Région autonome du Sud, créée en 1922, fut rattachée à la république socialiste soviétique de Géorgie. Au recensement de 1959, il y avait en U.R.S.S. 410 000 personnes de langue ossète, réparties principalement entre la république d’Ossétie du Nord, où se rencontrent des minorités linguistiques allophones (en tout, env. 450 000 hab.), et l’Ossétie du Sud (en tout, env. 100 000 hab.).

Langue

Le premier texte ossète date de 1798 et fut imprimé en caractères cyrilliques à Moscou. Dès le début du XIXe siècle, d’autres textes religieux furent traduits en ossète: les Évangiles, les Épîtres, les Psaumes, etc., écrits d’abord à l’aide de l’écriture géorgienne, puis en écriture russe introduite dans une description linguistique de l’ossète en 1844 et en 1862, et, enfin, depuis 1924, en écriture latine rendue officielle et complétée par des signes diacritiques.

La langue ossète se divise en deux dialectes principaux. L’iron, ou dialecte oriental, est parlé par les tribus des Allaghirs dans les vallées du fleuve Ardon et de ses affluents, des Kurtates dans les gorges du Saudon et du Fiagdon, et des Tagaures dans la vallée du Giseldon. Le dialecte iron, qui est le plus important des deux dialectes ossètes pour le nombre de personnes qui le parlent et aussi parce que la langue officielle et littéraire est basée sur le dialecte parlé par les Tagaures, comprend une subdivision méridionale, le dialecte toual parlé par les Touales (ossète: Tvaltæ). Le nom de toual est utilisé par les Ossètes du Nord pour désigner leurs parents du Sud et n’est qu’une adaptation du nom de district géorgien Dvaleti. L’ossète occidental, ou digor, est parlé dans le bassin du fleuve Ouroukh et dans le district de Mozdok sur le Terek. Enfin, dans quelques villages existent des formes intermédiaires, ainsi à Galiatæ et à Kamuntæ. Ces différents dialectes sont caractérisés essentiellement par leur phonologie, ainsi, «miel» se dit mud en digor et mid en iron; «pont», xed en digor et xîd en iron; «jeune fille», k’izgœ en digor et cizg en iron.

Les genres grammaticaux ont cessé d’être indiqués avec la chute des éléments terminaux qui les marquaient. En cas de nécessité, on préfixe, selon les cas, un mot qui signifie «mâle» ou un mot dont le sens est «femelle». Les anciennes déclinaisons se sont perdues par la chute des éléments finals de mots et sont donc confondues en ossète, où la forme normale du substantif représente simplement l’ancien thème. Le pluriel se distingue du singulier par l’adjonction d’un élément - , réduit à -t ailleurs qu’au nominatif. L’ossète a recréé une nouvelle déclinaison pour la plupart des cas, qui sont au nombre de dix en iron et de huit en digor. Les désinences s’ajoutent simplement au thème nominal singulier ou pluriel, c’est-à-dire au nominatif, mais elles se laissent encore clairement analyser, si bien que l’ossète à cet égard fait songer bien plus aux langues non indo-européennes qui l’entourent qu’à la protolangue dont il provient. Le verbe ossète a deux thèmes différents: celui du présent et celui du prétérit. La conjugaison est construite sur ces thèmes, tandis que trois verbes auxiliaires permettent l’utilisation de formes périphrastiques comme dans les autres langues indo-européennes modernes.

Le lexique est fortement pénétré d’éléments étrangers datant de différentes périodes. Parmi les plus anciens emprunts figurent les noms du cuivre, de l’argent et du fer, dont les noms ossètes rappellent les formes finno-ougriennes. L’ossète a en commun avec les langues caucasiennes une série de mots provenant du turc ou, par l’intermédiaire de cette dernière langue, de l’arabe ou du persan. Au géorgien, l’ossète a emprunté un grand nombre de mots, introduits par le digor, ayant trait principalement à la religion. Enfin, l’influence russe se fait sentir fortement depuis le siècle dernier.

Littérature

La littérature écrite est de date récente. Le premier ouvrage en langue ossète, une introduction aux Écritures, a été imprimé à Moscou en 1798. L’œuvre de Jalguzidze, imprimée en caractères géorgiens à Tiflis en 1820, poursuit le même but religieux et n’est pas originale. Il faut attendre la seconde moitié du XIXe siècle pour que se développe, avec Kosta Khetagurov (1859-1906), une littérature nationale écrite et une langue littéraire qui en est le support. Par contre, la littérature orale est fort archaïque et très riche. Elle se compose de récits traditionnels de caractère populaire, dans laquelle les êtres surnaturels ont une place de choix. Les légendes sur les Nartes constituent la partie la plus célèbre de cette littérature, dont on poursuit la mise par écrit.

Encyclopédie Universelle. 2012.

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